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Prévisions "chocs" 2026
Saxo Group
L’inquiétude grandit autour d’Oracle, qui brûle énormément de « cash » pour un retour sur investissements encore incertain
L’euphorie boursière ayant suivi l’annonce d’un partenariat à 300 milliards de dollars avec OpenAI est désormais dans le rétroviseur pour Oracle, dont le titre cède près de 40 % depuis son pic historique atteint il y a seulement quelques mois. En cause : la trajectoire exponentielle d’investissements en infrastructures qui tardent à se traduire en revenus.
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Le titre se traite encore relativement cher, de l’ordre de 31 fois les bénéfices estimés sur l’exercice en cours, clos fin mai, alors que ses investissements tardent à se traduire en revenus, et encore davantage en bénéfices. L’endettement pose en outre question, tout comme la concentration de ses clients dans les services d’infrastructures cloud. Nous sommes toujours partisans de vendre.
S’il affiche encore plus de 20 % de gains depuis le début de l’année, le titre Oracle voit ces derniers fondre comme neige au soleil ces derniers mois. À moins de 200 dollars, l’action du groupe fondé par Larry Ellison cède désormais la moitié de sa valeur en seulement trois mois, soit depuis son record historique atteint le 10 septembre à 345,7 dollars, en réaction à l’annonce d’un « méga-contrat » à 300 milliards conclu avec OpenAI afin de lui fournir de la puissance de calcul.
Depuis, l’euphorie est largement retombée, à mesure que les craintes d’une possible bulle liée à l’IA ont pris de l’épaisseur. Il faut dire qu’Oracle, que certains voient déjà devenir le quatrième plus gros « hyperscaler » au monde (derrière Amazon, Microsoft et Google), concentre les inquiétudes du marché sur la soutenabilité et le retour sur investissement des vastes dépenses d’infrastructures engagées récemment. Ces dernières croissent en effet bien plus vite que les revenus, pesant sur la consommation de trésorerie, alors qu’Oracle est déjà particulièrement endetté.
Les infrastructures surpassent les applications
Sur le trimestre clos fin novembre, Oracle a engrangé 16,1 milliards de dollars de revenus (+14 % sur un an). Les ventes de services de cloud computing ont crû de 34 % à 7,98 milliards sur la période, avec, pour la première fois, des ventes de services d’infrastructures cloud (+68 % à 4,1 milliards) supérieures aux revenus provenant d’applications logicielles (+11 % à 3,9 milliards). Ces chiffres ont légèrement manqué les attentes des analystes. Quant à l’activité traditionnelle de logiciels (licences déployées chez le client), elle a vu ses revenus reculer de 3 % à 5,9 milliards.
Hors certains éléments, le bénéfice par action ressort à 2,26 dollars, en hausse de 54 % sur un an. Cette ligne a toutefois bénéficié de la vente de la participation d’Oracle dans le fabricant de puces Ampere, générant une plus-value de 2,7 milliards lors de son rachat par SoftBank. Quant à l’obligation de performance restante, une mesure des réservations, elle atteint 523 milliards de dollars à fin novembre (+438 % sur un an), légèrement au-dessus du consensus (519 milliards).
Oracle brûle énormément de cash
Ces éléments positifs ont toutefois été éclipsés par la consommation de trésorerie, nettement au-dessus des attentes. Pour un flux de trésorerie d’exploitation tout juste supérieur à 2 milliards, les dépenses d’investissement ont atteint près de 12 milliards sur la même période. Oracle a ainsi « brûlé » près de 10 milliards de cash sur les trois derniers mois, contre 2,7 milliards au deuxième trimestre fiscal 2024, alors que les analystes tablaient sur une consommation de 5,9 milliards.
« Ils étirent leur bilan au maximum, leur flux de trésorerie disponible est négatif et le groupe est fortement endetté [plus de 100 milliards de dettes, NDLR] », juge Jed Ellerbroek, gérant de portefeuille chez Argent Capital Management, estimant qu’Oracle « prend des risques considérables ». « J’ai toujours pensé qu’il était dangereux pour l’entreprise de s’endetter de manière significative tout en liant son avenir à une startup. Maintenant qu’OpenAI est sous le feu des critiques, le risque s’est encore accru », ajoute Michael O’Rourke, stratégiste en chef chez Jonestrading, interrogé par Fortune.
L’endettement inquiète
La concentration des clients (OpenAI, ByteDance et Meta représentant une part très significative des projections de revenus) inquiète, mais le marché est surtout préoccupé par l’endettement. Cela se reflète notamment dans les CDS d’Oracle, instruments permettant de se protéger contre un risque de défaut, dont le prix a atteint un plus haut depuis mars 2009 la semaine dernière.
Désormais dirigée par un tandem (Clay Magouyrk et Mike Sicilia ayant récemment succédé à Safra Catz), la société californienne devrait mettre du temps à lever les incertitudes. « Ils auront un flux de trésorerie disponible négatif au moins les deux prochaines années, pendant la construction des centres de données. Il y a donc beaucoup de points d’interrogation autour de cela », note Ryuta Makino, analyste chez Gabelli Funds.
Cette analyse a été élaborée par le "Groupe Les Echos / Le Parisien" et diffusée par Saxo Banque à des fins exclusivement publicitaires. Ce document est un contenu à visée marketing et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.
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