Le luxe dans la tourmente ?

Anthony Rhein
Sales Trader
Cette nuit, le groupe français de luxe Hermès a dévoilé une croissance de 8,5 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre, légèrement en deçà des attentes de 9,8 %. Plus globalement, les ventes totales de la période ont atteint 4,1 milliards d’euros avec une croissance de 7,2 %, légèrement en dessous des estimations. Le directeur financier, Éric du Halgouet, a annoncé une augmentation de 10 % de ses prix aux États-Unis pour compenser les droits de douane imposés par l’administration Trump.
En Asie-Pacifique (hors Japon), Hermès augmente ses ventes de 1,2 % (sous les 4 % attendus par les investisseurs), alors que le marché du luxe peine à sortir d’une période de croissance lente causée en grande partie par les consommateurs chinois qui réduisent leurs achats coûteux.
En comparaison, son concurrent LVMH a enregistré une chute de 8 % à l'ouverture plus tôt dans la semaine, suite à des résultats décevants, illustrant ainsi la résilience de Hermès. Malgré un contexte économique turbulent, l'exclusivité et la rareté de ses produits permettent à Hermès de continuer à accroître ses marges. Reconnue comme une marque d'ultra-luxe, Hermès attire une clientèle plus aisée que celle de LVMH, moins affectée par les hausses de prix et les conditions macroéconomiques actuelles. Ce matin, Bernard Arnault, sur les pas de Hermès, annonce un changement de paradigme en disant lors de son discours que la croissance ne sera plus l’objectif ultime, mais que sa nouvelle priorité sera la qualité.
À l’ouverture ce matin, Hermès perd près de 4 %, mais ne perd plus que 0,8 % trois heures après l’ouverture, témoignant, une fois de plus, de sa résilience. Graphiquement, le titre reste sous les moyennes mobiles de 50 et 100 jours, mais au-dessus de la moyenne mobile de 200 jours. Son PER de 51x, que l’on peut considérer élevé, est comblé par les fondamentaux solides évoqués plus haut, et il faudra aller casser la résistance à 2462 pour retourner chercher des plus hauts historiques.
Le groupe italien de luxe Moncler a annoncé une hausse de 1 % de son chiffre d’affaires avec 829 millions d’euros (contre un consensus de 817 millions d’euros), notamment grâce à l’achat massif de ses produits en Chine. Le titre gagne près de 6,5 % depuis le début de l’année, tandis que l’EuroStoxx600, lui, perd 1,2 % depuis le 1er janvier. Bien que son positionnement à la croisée de la mode de luxe et du sportswear de haute qualité soit assez unique sur le marché, sa forte demande émanant de l’Asie du Sud-Est doit être mise en avant compte tenu de la fragilité de la consommation dans cette région. D’après le consensus des analystes, 62% « conservent », 31% « achètent » et 7% « vendent » le titre. D’après Bloomberg, le prix moyen cible est 63.6€ sur les 12 prochains mois.
Plus globalement, les inquiétudes concernant une escalade de la guerre commerciale mondiale continuent de peser sur le secteur du luxe. Des droits de douane élevés, imposés de part et d'autre, risquent de freiner la consommation en Chine et aux États-Unis, deux marchés clé pour les entreprises du luxe. Tant que ces incertitudes subsisteront, une véritable reprise haussière pour ce secteur restera difficile à envisager. Les investisseurs devront être plus sélectifs et faire preuve de plus de discernement dans leur choix. L’Oreal publiera aujourd’hui ses résultats et Richemont, la société qui avait donné un regain d’espoir en début d’année au luxe, publiera quant à elle le 16 mai.
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